12.10.06

 

Retournes vers ton passé…



Lever 8 heures hier matin, les murs tournent - impossible d’avancer…

L’épuisement me saisit déjà au matin – l’après midi allongée, au dehors le soleil et le bruit de la rue- toute mon incapacité à bouger. Je me souviens de ces moments, les mêmes qu’il y a deux ans au bord du gouffre – retour du cauchemar, me voici de nouveau dans cet appartement où j’ai appris à accepter de perdre ma vie. Même ambiance de la vie au dehors que physiquement je ne peux plus atteindre. Envies de vomir.
Avancée du désespoir de ne pouvoir rien faire avec ce corps qui balbutie.

Le médecin d’SOS ne sait pas. Je ne lui demande pas de savoir, je veux juste éviter certains diagnostics.

Il pense juste que cela peut être un contrecoup d’avoir failli te perdre… maman.

Fin septembre brutalité de l’accident vasculaire, hématome au cerveau, réa, urgences, opération, soins intensifs.

Ces heures, ces nuits…

Ces moments où l’on dort le portable allumé près du lit…

Ces moments où l’on réalise que peut-être demain il n’y aura plus jamais ta voix au téléphone, ces moments confrontée au vide et à l’absence, ces moments de refus et de cris.

Ces moments aussi où l’on grandit.

Tu vas bien aujourd’hui. Il reste des séquelles…

C’est toi et ce n’est plus toi, comme une coquille vide parfois…

Mais je ferai avec ce qui sera, je ne suis pas orpheline, je suis juste ton enfant qui vient de grandir…

Hier, j’avais RDV avec lui, j’avais des choses à dire, j’avais des questions à formuler et peut-être des réponses. J’avais besoin d’y aller pour formuler des choses que je n’arrive pas à faire seule. Mais je ne pouvais pas bouger.

Au moment où ton pronostic vital était indécis mais où tu étais prise en charge et soignée, j’avais décidé de sortir pur ne pas tourner en rond dans l’appartement. J’étais dans les bars avec elle.

Je me souviens de lui avoir dit aussi à lui : « le pire, c’est le plus loin… ».

Je n’avais pas encore trouvé la tristesse…

A ton visage s’est superposé un autre visage…

C’était ma prof de bio, j’avais 11 ans, elle ne m’a pas aimée.
Je me souviens de tout, de tout ce que j’ai fait pour qu’elle me regarde mais…

Elle aimait beaucoup ma meilleure amie d’enfance. Etrange hasard elle exerce aujourd’hui le même métier dans la même matière…
Nous passions toutes 2 en vélo et lendemain elle lui disait « je t’ai vu hier… » Moi, elle ne m’a jamais rien dit.
Un jour j’ai remis en question le nom qu’elle donnait à un mollusque, j’en avais trouvé un autre sur une vignette… Elle a gentiment dit à ma mère, lors du conseil de classe, qu’elle ne voulait pas que je remette en question sa parole.
Je l’avais cherchée, je l’avais trouvée.
J’étais si heureuse ce jour là parce qu’enfin j’existais…

Mais elle n’a pas bougé lorsqu’on a m’a agressée devant elle - dans sa classe, et elle a préféré pour son départ de fin d’année les chewing gum des autres à ma bouteille de champagne. (Oups ! Déjà le champagne !!!)

Pour elle, je n’ai jamais existé.

A 11 ans, j’ai appris qu’on pouvait (et à quel point !!!) ne pas m’aimer. Un apprentissage qui n’avait rien à voir avec des querelles ou des oppositions enfantines. C’était un sentiment nouveau pour moi que cet amour là et les ravages que cela a fait…une vieille tristesse bien ancrée.
Tout cela n’a rien d’exceptionnel, je sais.
Mais dans la vie, ce n’est pas tant ce qui nous arrive qui est important, c’est ce qu’on en fait.
Le terme de reproduction des schémas est-il ici si inapproprié…

Et je n’ai jamais su dire, dans tout ce que j’ai vécu, ce qui était le pire…
D’aimer sans être aimée
Ou bien :
D’être aimée sans aimer en retour.

Vois tu je sais pourquoi je me désintoxique, pour quoi je n’essaie pas de te trouver des explications, des excuses, des motivations…

Parce que c’est terminé.

Hier, alors que j’étais allongée, j’avais la main sur le point qui me fait mal entre le plexus solaire et l’estomac et je me suis entendue dire : « ma mort est là ».

Le chemin est ce qu’il est. Malgré mes moments de désespoir, je ne l’ai jamais trouvé triste.

Le chemin est ce qu’il est, l’essentiel c’est d’avancer.

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