8.11.06

 

Parenthèse



Préalable :
Dimanche au téléphone, je dis à Marek : « je ne suis pas partie à Bilbao mais bon j’ai écris un texte. En lui même il ne vaut pas grand-chose mais enfin elle est revenue, celle qui transforme, celle qui me dépasse… Je ne m’y attendais pas.
C’est un souvenir de ma soirée de samedi soir, ça se passe dans le tramway…
Les mots et les phrases, ils venaient pour créer autre chose, comme avant… La construction de la fiction.
Enfin !
Tu te souviens ce que je te disais sur le texte de Claude Simon (Le discours de Stockholm).
Ça parle du morceau d’Octobre
Ça s’appelle (en anglais) le grand inquisiteur, c’est elle le grand inquisiteur : c’est l’écriture ».


Marek dit qu’il comprend….


THE GREAT INQUISITOR

Vous souvenez vous de ce jour d’octobre, assise dans le tramway ?
Le casque sur les oreilles, la musique démarre, les visages défilent et les regards défaits…
Toutes ces vies qui se croisent sans jamais s’approcher.

Il y a les passagers pressés et ceux qui ne le sont pas – qui ne le seront plus jamais.
Dans la lumière de cet été dépassé, vous vous dites que l’on peut faire 200 kms, et quelques pas sur une piste de danse, pour ne pas y trouver l’amour désiré.
Vous vous entendez murmurer : « les écrans mentent… La vache ! »

Les écrans mentent, vous le saviez…
Pourquoi encore être étonnée… ?

Le trajet continue, égrenant avec lui les allées et venues de ces êtres qu’Octobre habille de vos pensées - vague mémoire détournée.

Une voix mécanique annonce aux passagers : « il n’y a aucun Samu pour venir vous chercher, les ambulancières sont désolées. »

Mais vous n’entendez rien car Octobre vous crie dans les oreilles : « Tonight, I dream again. »

Tonight… I dream again.
Ça y est…
Vous avez passé la frontière…
Et c’est vous l’étranger.

Vous pourriez leur lancer : « ¡ Me voy aquì ! »

Vous êtes arrivée…
Vous descendez - en laissant derrière vous, Octobre… et les paysages intérieurs du tramway.

----


(…)
Eh bien, lorsque je me trouve devant ma page blanche, je suis confronté à deux choses : d’une part le trouble magma d’émotions, de souvenirs, d’images qui se trouve en moi, d’autre part la langue, les mots que je vais chercher pour le dire, la syntaxe par laquelle ils vont être ordonnés et au sein de laquelle ils vont en quelque sorte se cristalliser. (…)
« Plus ou moins consciemment, par suite des imperfections de sa perception puis de sa mémoire, l’écrivain sélectionne subjectivement, choisit, élimine mais aussi valorise entre cent ou mille quelques éléments d’un spectacle (…). »
Claude Simon, 1985.
Discours de Stockholm, les Editions de Minuit, 1986. On trouve ce texte et celui de Pinter sur le site du prix nobel.
http://nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/index.html

Comments:
C'est étrange ... Apparemment c'est le même genre de sensations que nous décrivons. Et certaines de tes phrases, sont très proches de ce que j'aurais pu écrire, de ce que j'ai écrit ... Pour d'autes pas du tout. Le résultat n'est pas le même finalement.
Pour ma part, j'ai toujours le sentiment que l'essentiel m'échappe, je n'arrive pas à l'écrire, je n'aiq ue l'accessoire.

"égrenant avec lui les allées et venues de ces êtres qu’Octobre habille de vos pensées" > très joli :)
 
Enregistrer un commentaire



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?