16.12.06

 

La place de l’autre…



C’est toujours quand la nuit est avancée que se disent les choses les plus intéressantes dixit Zhaïa et ma phrase de Kafka…
Nous étions restées toutes les 3, il devait être plus de 3h.
Lorsque que ma phrase de Kafka, a dit, en partant de son histoire perso (ah les ex !) qu’il n’y avait (je cite) « pas de place pour l’autre dans sa vie ».
Ce n’était pas une phrase anodine, un quelconque caprice, une posture d’esprit mais bien une décision argumentée, pensée.
Quelque part cela ne m’a pas étonnée… cette idée se dessinait dans ma tête (« à force » de la côtoyer…) un pressentiment quelque chose que je ne savais pas nommer, qui m’échappait dans sa manière d’être au monde.
C’est sans doute pour cela, qu’en entendant ces mots, le choc fut plus léger… Cela m’a fait moins mal quoi !

Ainsi aussi, ça ne vient pas de moi - ma question d’amour propre (!), ça ne me dédouane pas non plus, c’est comme ça.

Zhaïa est partie vers 5 h, moi à 7.
J’ai aimé ce petit matin, mes pas sur les pavés mouillés, le jour qui annonce sa levée.
J’ai aimé être seule.
Si je n’avais pas du bosser l’après midi, je serai partie une heure plus tard et j’aurai probablement fait l’ouverture d’un quelconque bar avec un café sur la table.

Durant toute la soirée ma phrase de Kafka n’a cessé de s’énerver (rigolarde) parce que, disait- elle, je disais toujours avant elle exactement ce qu’elle voulait dire.
Parfois nous semblions parler toute deux d’une même voix, comme on s’en rendait compte - avec étonnement - j’ai qualifié cela de numéro de duettiste ; et lorsque cela s’est reproduit, j’ai rigolé en disant à Zhaïa que c’était de nouveau les duettistes – elle a répondu en se mordant la lèvre et d’une manière que l’on peut croire anodine « oui, c’est intéressant… ».

Je connais Zhaïa : c’est quelqu’un de très observateur…
Je connais Zhaïa….

Et moi étais-je mal à l’aise ? Malaise de quoi , que cela se voit... Que quoi se voit ?
[C’est « impressionnant » quand deux êtres parlent d’une même voix – que l’une dit une chose que l’autre continue dans le même sens, dans la même phrase « comme si il n’y avait qu’une personne ».]

Zhaïa ne sait pas ce que je ressens…
Qu’a-t-elle perçu ce soir là… Je ne le saurai pas non plus.

Durant toute la soirée, ma phrase de Kafka n’a cessé de m’envoyer (« agacée » que je devance ses propos) « des petits objets au visage » ou de se déplacer vers moi pour m’effleurer la tête de ses doigts…
Et - finalement - de nous 2, il est très facile de penser que c’est moi qui suis indifférente…

Restées toutes 2, elle parlait des autres en général et précisait positivement : « pas toi ».

Lorsque je suis partie, j’ai entendu sa voix dans l’escalier prononcer un à bientôt « demandeur » et j’ai répondu oui le plus naturellement du monde (Sic !!!).
Je n’ai pas choisi d’interpréter ces signes – ils sont là - et je ne leur accorde pas de sens précis (d’extrapolation ridicule) outre le fait qu’ils m’interrogent…

Elle s’intéresse simplement à moi.

Alors et cela peut paraître étrange mais toute la journée du lendemain, je me suis sentie aimée, bien. (!)

Nous nous sommes revues 2 jours plus tard, ce n’était pas prévu (étonnée qu’elle me demande de passer), puis encore lors d’une longue soirée, 2 au milieu des autres.

Je regarde toujours où elle est, si elle parle à quelqu’un ou si elle se retrouve seule (isolée), si elle a quelque chose à boire dans son verre. (Sans doute un besoin de savoir qu’elle est (va) bien.)

En peu de jours (de rencontres), nous avons parlé des heures et lorsque je l’ai quittée, il y a moins d’une semaine - dans la nuit, dans la rue - je savais par cet au revoir - dont je garde une si jolie et triste image de nous 2 - que je ne la contacterai pas dans les jours suivants, comme si j’étais saoulée de nos discussions.
Un besoin de silence entre elle et moi…

Quelque part de savoir qu’il n’y avait pas de place pour l’autre cela ma rassurée - dans le pire sens, celui d’une logique d’échec : d’aimer qui ne le désire pas, et donc de ne rien risquer.
Quelque part je dois avoir peur d’être aimée…

Durant cette soirée, j’étais partagée entre son point de vue (et son pourquoi) que je comprends et connais bien [- longtemps il n’y a pas eu de place pour l’autre dans ma vie, pour des motivations qui à la fois sont sincères et pas très honnêtes – comme les siennes – un choix un peu complaisant avec soi même qui nous empêche de (re)penser notre rapport à l’autre et les problèmes que cela nous pose…] et celui de Zhaïa qui, elle, l’a cherché (et trouvé) l’autre. [Ici elle comprend mais ne connait pas - elle n’a pas aimé l’autre jusqu’à se perdre elle même… comme la phrase de Kafka et moi…]

Oui, je suis désormais partagée. (Et c’est bien).
Me demandant alors dans ma vie quelle peut-être la place de l’autre…
Car au moins si je ne sais encore la définir dans tout ce que je ne veux pas [la vie de (en) couple "classique" - la perte de mes moments - journées - nécessaires de solitude], je sais désormais que l’autre peut avoir une place, qu’il peut être là.

Je ne connais pas cet(te) autre mais je sais désormais (« et se sera avec son accord ! ») qu’il pourra désormais exister auprès de moi.

Qu’il - elle - peut avoir sa place…

Et ça…

Merci Kafka !

Comments:
Complexe, déroutant ... chavirant ?
Combien de fois durant cette année écoulée ai-je dit qu'il n'y avait pas de place dans ma vie pour l'autre, tout en espérant que cette personne à qui je le disais, toujours la même, comprendrait le contraire de ce que je disais ...
Alors, si c'est ce que tu ressens ... va au bout.
 
Je ne sais pas.
Parfois, j'ai simplement le sentiment qu'elle ne voit pas comment elle se comporte avec moi, que cela lui échappe, qu'elle n'a pas envie de voir ça.
Elle a fermé les portes.
Parfois, je me dis aussi que c'est peut-être juste sa manière d'être avec les gens qu'elle aime bien.
En tout cas, je pense qu'il ne faut pas forcer quelqu'un à voir ce qu'il ne veut pas...
Et je n'ai pas envie non plus d'être absente...
Euh...suis claire là !!!
 
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